Telle une abeille dans un parterre de fleurs, l’esprit humain butine naturellement d’une pensée à l’autre. Dans un monde professionnel où tout va très vite, où les informations pleuvent et les délais courent à toute allure, nous sommes tous mis en demeure de penser vite . Plus que la réflexion, c’est la réaction qui est à l’ordre du jour. Pour rentabiliser notre temps au maximun et éviter l’ennui, nous remplissons chaque moment disponible par de la stimulation mentale- à quand remonte la dernière fois où vous vous êtes assis(e) sur une chaise et avez fermé les yeux, juste pour vous détendre ?
Le fait de garder l’esprit occupé équivaut à un gaspillage de nos plus précieuses ressources. C’est vrai, notre cerveau peut faire des merveilles à grande vitesse. Mais il en accomplira tellement plus si on lui donne de temps à autre le loisir de se détendre. Apaiser radicalement notre esprit peut améliorer notre esprit, notre calme intérieur, augmenter notre concentration et notre capacité à penser de façon plus créative. Cela peut nous apporter ce que Milan Kundera appelle une « sagesse de la lenteur ».
Les spécialistes estiment que le cerveau dispose de deux modes de fonctionnement. Dans son livre Hare Brain, tortoise mind, why intelligence increases when you think less ? (Intelligence du lièvre, cerveau de tortue, pourquoi l’intelligence s’accroît quand on pense moins ? ) le psychologue anglais Guy Claxton les identifie comme la pensée rapide et la pensée lente. La première est rationnelle, analytique, linéaire et logique. Elle opère quand nous agissons sous pression, quand nous avons peu de temps. C’est sur ce mode que fonctionnent les ordinateurs et le monde professionnel contemporain. Elle fournit des solutions claires à des problèmes bien définis. La pensée lente est intuitive, primitive et créative. Elle entre en jeu quand toute pression a disparu et que nous avons le temps de laisser les idées en veilleuse émerger à leur rythme. Elle initie des prises de conscience riches et subtiles.
Les scanners montrent que ces deux modes de pensée produisent différentes ondes cérébrales –ondes alpha et thêta plus lentes en mode de pensée lente, et ondes bêta plus rapides en phase de pensée rapide.
La relaxation est souvent un précurseur de la pensée lente. La recherche a prouvé que les gens pensent de façon plus créative lorsqu’ils sont calmes, tranquilles et délivrés du stress, alors que la pression du temps leur met des œillères. …
Les plus grands penseurs de l’histoire connaissaient certainement les bienfaits de ce changement de vitesse cérébral. Charles Darwin se définissait lui –même comme un « penseur lent », tandis qu’Albert Einstein était connu pour passer des heures les yeux au plafond, dans son bureau de l’université de Princeton. Et dans les nouvelles d’Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes évalue les preuves d’un crime en entrant dans un état quasi méditatif, avec « une expression vide dans les yeux ».
Einstein était conscient de la nécessité d’associer ces deux intelligences : « les ordinateurs sont incroyablement rapides, précis et stupides . Les êtres humains sont incroyablement lents, imprécis et brillants. Ensemble, ils sont d’une puissance qui défie l’imagination. » C’est pourquoi les êtres les plus intelligents et les plus créatifs savent quand laisser leur esprit divaguer et quand se mettre sérieusement au travail. En d’autre termes, quand prendre son temps et quand aller vite.
Mais alors, comment le reste du monde peut il avoir accès à cette pensée tranquille, particulièrement dans un monde qui privilégie la vitesse et l’action ?
La méditation est un moyen d’éduquer l’esprit à la tranquillité. Elle réduit la pression sanguine et génère plus d’ondes cérébrales lentes alpha et thêta. La recherche montre que les effets se prolongent bien après l’exercice de méditation en lui –même.
Extrait de l’ouvrage de