Faire la vaisselle … p 41
Extrait
« Pour moi, l’idée selon laquelle faire la vaisselle est une corvée n’est juste que pour celui qui n’est pas en train de la faire. Une fois que vous êtes debout devant l’évier, les manches retroussées et les mains dans l’eau chaude, c’est vraiment très agréable. J’aime prendre le temps de laver chaque assiette, d’être pleinement conscient de chaque plat, de l’eau et du mouvement de mes mains. Je sais que si je me dépêche pour manger mon dessert plus vite, le temps passé à laver la vaisselle sera désagréable et ne vaudra pas la peine d’être vécu. Ce serait dommage car chaque minute, chaque petit bout de vie est un miracle. Les assiettes elles-mêmes et le fait que je suis en train de les laver sont un miracle !
Si je suis incapable de laver la vaisselle dans la joie, si je veux finir plus vite pour pouvoir aller manger mon dessert, je ne profiterai pas de mon dessert non plus. La fourchette à la main, je penserai à ce que je vais faire ensuite. La texture et la saveur du dessert, tout comme le plaisir de la dégustation, tout sera perdu. Chaque pensée, chaque action au soleil de la conscience devient sacrée. Dans cette lumière, aucune barrière n’existe entre le sacré et le profane. Je dois avouer que je mets un peu plus de temps à laver la vaisselle. Mais je vis chaque moment et je suis heureux. Laver la vaisselle est à la fois un moyen et une fin- c’est à dire qu’on ne lave pas la vaisselle pour avoir des assiettes propres, mais aussi juste pour laver la vaisselle, pour vivre pleinement chaque instant où l’on lave la vaisselle. »
Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste vietnamien. Ecrivain, poète et inlassable défenseur de la paix. Il a fondé le village des Pruniers dans le sud de la France et figure parmi les personnalités les plus engagées du bouddhisme dans le monde occidental après le Dalaï Lama.