A propos de l’harmonie….
Extrait p 186
Au moment où je gare ma voiture sur la parking de l’hôpital, plusieurs centaines d’oies sauvages passent au dessus de ma tête. Elles volent si haut dans le ciel que je n’entends pas leur cris. Ce qui me frappe en premier , c’est quelles semblent savoir exactement où elles vont. Elles se dirigent vers le nord-oust, les retardataires semblant sortir du faible soleil levant de novembre, à l’est .
Je suis si ému par la noblesse et la beauté de leur vol que j’attrape un papier et un crayon et j’essaie de reproduire ce merveilleux triangle ouvert de mes griffonnages maladroits. Quelques traits suffisent… elles seront bientôt hors de ma vue.
Elles volent sous la forme d’un grand V mouvant, mais certaines avancent en formations plus complexes. Tout est mouvement. Leurs lignes plongent et remontent dans les airs avec une grâce harmonieuse, comme un étendard flottant au vent. Chacune semble trouver sa place parmi ces longs rubans mouvants.
Je ressens leur passage comme une bénédiction personnelle. Ce moment est un don. J’ai eu la bonne fortune d’assister à un événement important qui n’arrive que rarement. Cette sensation provient de la nature sauvage de ces oiseaux alliée à l’harmonie, l’ordre et la beauté qu’ils incarnent.
Mon expérience habituelle du temps qui passe est suspendue à leur vol.
Le modèle de ce vol est « chaotique « comme disent les savants en parlant de formations de nuages ou des formes des arbres. C’est à dire que l’ordre règne au milieu du chaos apparent . j’en suis émerveillé.
Comme je me rends à mon travail , la nature me montre aujourd’hui l’ordre des choses sur une petite échelle, me rappelant combien nous sommes ignorants, nous les humains, et comme nous savons peu apprécier l’harmonie, si tant est que nous l’apercevions.
……
L’harmonie de la nature est partout autour et en nous.
Sa perception est une source de grand bonheur ; mais souvent nous ne l’apprécions que rétrospectivement ou en son absence.
Si la santé va bien, nous ne remarquons pas l’harmonie dans notre corps. Notre absence de mal de tête n’est pas une grande nouvelle pour notre cortex cérébral. Nos capacités à marcher , à voir et à penser semblent aller de soi et font partie de la panoplie des automatismes .
Seules la douleur et la peur nous réveillent en sursaut et nous font prendre conscience de ces fonctions.
L’harmonie est plus difficile à percevoir…