Le neurologue belge Steven Laureys publie chez Odile Jacob un livre très accessible montrant tous les bienfaits de la méditation sur notre esprit. Le moine bouddhiste Matthieu Ricard a été son cobaye avant de devenir son préfacier.
Les livres sur la méditation font florès. Mais « La Méditation, c’est bon pour le cerveau » (Odile Jacob, septembre 2019) se détache du lot, en ce sens qu’il est signé par un neurologue mondialement réputé. Le Dr Steven Laureys dirige, au CHU de Liège, le Centre du cerveau. Spécialiste du coma et des états de conscience altérés, il fait le point sur tout ce que la neurologie a pu apprendre et démontrer au sujet des bienfaits de cette pratique héritée du bouddhisme sur notre matière grise et notre état mental. Passionnant.
Votre livre illustre l’intérêt que la méditation, sous ses différentes formes (« de concentration sur la respiration », « de pleine conscience »), commence à susciter dans la communauté neuromédicale. Où en sont les recherches sur ce que vous appelez les « neurosciences contemplatives » ?
On constate depuis le début des années 2000 une montée en flèche du nombre d’études sur la méditation. Rien que l’an dernier, on a recensé plus de 1.200 articles scientifiques sur la seule méditation de pleine conscience, ce qui traduit à l’évidence un intérêt réel et grandissant. Cela dit, du point de vue méthodologique, toutes ces études ne se valent pas, il y a à boire et à manger. Si l’on ne considère que les études cliniques, plus lourdes à mettre en place mais aussi plus rigoureuses et plus solides, la méditation est encore loin de faire jeu égal avec la médication ! Un peu plus de 1.300 études cliniques lui ont été consacrées au cours des vingt dernières années, un chiffre à comparer aux 4.500 études cliniques conduites en moyenne chaque année sur les antidépresseurs. A l’évidence, on ne peut pas attendre de l’industrie pharmaceutique qu’elle consacre autant d’argent à la méditation, qui représente pour elle un retour sur investissement nul, qu’au développement de nouvelles molécules. La médecine d’aujourd’hui néglige encore trop les alternatives à la pharmacopée, qu’il s’agisse de la méditation ou d’autres techniques. Je suis convaincu que la médecine de demain sera plus globale, plus intégrative : elle piochera plus volontiers dans une boîte à outils qui contiendra les médicaments, car il est évident que ceux-ci sont parfois nécessaires, mais ne s’y limitera pas.
Continuer la lecture de Méditer fait du bien au cerveau – article paru dans Les Echos ( sept 2019 )