.Le Figaro -Sept 2016 : « La méditation peut-elle contribuer au « bien vieillir » ?
La méditation serait associée à une amélioration des capacités cognitives, principalement l’attention et les fonctions exécutives, mais aussi la mémoire, qui sont les fonctions les plus sensibles à l’âge.
. Le Monde -Avril 2015 Dépression : la méditation, une alternative aux antidépresseurs en cas de rechute
Les thérapies fondées sur la « méditation de pleine conscience » ( type MBCT Mindfulness Based Cognitive Therapy ou Thérapie Cognitive basée sur la Pleine Conscience ) sont une « alternative » aussi efficace que les traitements standard avec antidépresseurs contre les rechutes dépressives, selon une étude publiée dans la revue médicale The Lancet
Souvent sollicitée pour ses vertus thérapeutiques liées au stress, la méditation pleine conscience ne cesse de fasciner le monde scientifique. Mais cette pratique fonctionne-t-elle réellement ? Une équipe de chercheurs de l’université Carnegie Mellon aux États-Unis aurait démontré que la méditation augmente des connectivités dans le cortex préfrontal et diminue le taux d’interleukine 6, connue comme le biomarqueur de l’inflammation.
Étape fondamentale du bouddhisme, la méditation pleine conscience a été importée aux États-Unis dans les années 50 où elle a trouvé plusieurs applications en psychologie et en thérapie comportementale. Vantée pour ses bienfaits contre le stress et la dépression, cette pratique consiste à se focaliser sur le moment présent et à analyser les sensations ressenties. Comment cela fonctionne-t-il ?
Pour y répondre, David Creswell, co-auteur de la publication, et son équipe de chercheurs ont mené une étude auprès de 35 personnes en recherche d’emploi avec un niveau de stress élevé. Les volontaires ont été séparés en deux groupes : une partie a suivi un entraînement à la méditation pleine conscience pendant trois jours, tandis que l’autre n’a pratiqué que de la relaxation classique. Les 35 personnes ont été soumises à un scanner cérébral au repos, 5 minutes avant et après l’entraînement. Des prélèvements sanguins ont également été effectués avant le programme puis quatre mois après.
Un changement structurel cérébral
Bien que la cohorte semble de petite taille, les résultats obtenus sont intéressants. La méditation pleine conscience semble avoir des effets sur la structure du cerveau. En effet, les scanners effectués chez les personnes ayant pratiqué la méditation pleine conscience révèlent une augmentation des connectivités dans le cortex préfrontal dorso-latéral. Cette zone est connue pour être impliquée dans l’attention et les fonctions exécutives, qui contrôlent le comportement. Le groupe de relaxation ne présente pas ces changements.
Par ailleurs, les tests sanguins montrent une réduction du taux d’interleukine-6, un biomarqueur de l’inflammation, chez les méditants. Ces résultats confirment donc le rôle que joue la méditation pleine conscience dans la capacité du cerveau à réorganiser les réseaux neuronaux. « Nous pensons que ces changements au niveau cérébral fournissent un marqueur neurobiologique d’un meilleur contrôle exécutif et d’une meilleure résistance au stress, de telle manière que la méditation pleine conscience améliore la capacité du cerveau à nous aider à gérer ce stress », estime David Creswell.
La méditation pleine conscience semble donc faire autant de bien au corps qu’à l’esprit. Et comme le disait le célèbre violoniste et chef d’orchestre Yehudi Menuhin, « Il n’est pas nécessaire de méditer au nom de Jésus, de Bouddha ou de qui que ce soit. Il suffit de méditer, tout simplement. Méditer. » De quoi enfin tous nous motiver.
Méditer n’est définitivement plus une activité réservée aux hippies et aux hipsters. Tout le monde s’y met. Et chaque jour un peu plus…
En août, ils ont dû refuser plusieurs centaines de personnes, la ferme urbaine perchée sur un toit-terrasse de Brooklyn étant pleine à craquer. En septembre, la rencontre était organisée sur un bateau amarré sur l’Hudson, il a fallu encore frustrer quelque 700 personnes inscrites sur liste d’attente pour que l’embarcation ne coule pas. Même embrasement début décembre dans l’auditorium de la New York Society for Ethical Culture. Le Big Quiet, un happening en silence et en tailleur, n’a pas un an, mais chacune de ses manifestations affiche complet. La méditation est en train de conquérir l’Ouest.
En février 2015, le magazine Time consacrait sa une à cette discipline introspective en la présentant comme une vraie révolution. Un an plus tard, c’est un raz de marée, « une lame de fond« , confirme Sylvie Chabas qui mène des méditations de pleine conscience (ou Mindfulness) au centre Qee à Paris.
L’étude en question consistait à enregistrer l’activité électrique du cerveau de sujets en bonne santé avant et après un entraînement à la méditation de pleine conscience, lequel se présentait sous la forme d’un programme de réduction du stress MBSR mis au point par Jon Kabat-Zinn.
Un premier enregistrement électroencéphalographique fut effectué juste avant le début du programme-c’est à dire au bout de huit semaines d’entraînement à la pleine conscience – et un troisième quatre mois plus tard. Les résultats obtenus furent sans équivoque : comparés aux sujets d’un groupe contrôle qui n’avait pas suivi l’entraînement MBSR, les individus ayant pratiqué la pleine conscience affichaient une augmentation significative de l’activation de leur cortex préfrontal gauche, au repos et dans des situations stressantes .
Cette augmentation était associée à une amélioration de l’humeur globale, à une diminution du niveau d’anxiété, à une plus grande capacité à rester positif dans des circonstances négatives , à une facilité accrue à trouver des solutions aux conflits et aux difficultés, à un plus grand dynamisme et à un meilleur engagement dans le travail. Et fait remarquable, tous ces changements ont persisté jusqu’à à la fin de l’étude , c’est à dire quatre mois après l’arrêt de l’entraînement à la pleine conscience.De plus, Davidson et Kabat-Zinn ont observé, chez les individus entraînés à la MBSR, une corrélation étroite entre l’accroissement de l’activité du cortex préfrontal gauche et l’augmentation de la production d’anticorps par le système immunitaire . En conclusion , cette étude montre que l’entraînement à la pleine conscience accroît les défenses de l’organisme et joue un rôle régulateur de première importance au niveau des mécanismes psycho-corporels impliqués dans le développement des maladies et la préservation de la bonne santé.
Extrait de l’ouvrage de Thierry Janssen / Le défi positif
Une heure de méditation suffirait à réduire de façon importante la douleur chronique et la perception que le cerveau peut en avoir, selon le Dr Fadel Zeidan, de l’Université Wake Forest, en Caroline du Nord. Dans le cadre d’une étude, lui et ses collègues ont noté une diminution d’environ 40% de l’intensité de la douleur et de 57% du niveau d’inconfort y étant lié chez des sujets qui n’avaient jamais médité auxquels on avait offert une formation de quatre séances de 20 minutes sur la façon de contrôler sa respiration et de faire le vide dans ses émotions et ses pensées. En comparaison, la morphine et les médicaments contre la douleur font décliner celle-ci de 25%, souligne le Dr Zeidan dans un article publié dans le Journal of Neuroscience d’avril 2011.
Ces résultats corroborent ceux du Pr Pierre Rainville, chercheur à l’Université de Montréal et à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, publiés en 2011 dans la revue Pain. Lui et son équipe ont constaté que les adeptes de la méditation zen étaient moins sensibles à la douleur que les sujets qui ne la pratiquaient pas. «Nous avons démontré que même si ces personnes ont conscience de la douleur et semblent la ressentir, elles paraissent abréger le processus en s’empêchant d’interpréter ou d’étiqueter les différents stimuli comme douloureux», souligne le neuropsychologue.
Le Pr Rainville et son équipe ont réussi à expliquer les différences de comportement par rapport à la douleur grâce à l’imagerie par résonance magnétique. Ils ont observé que la sensation n’était pas traitée dans la zone du cerveau responsable de l’évaluation, du raisonnement et de la formation de la mémoire. Ils ont aussi noté que l’épaisseur des fibres nerveuses dans les zones relatives aux émotions et à la douleur, entre autres dans le cortex cingulaire antérieur, était plus importante chez les adeptes de la méditation. Plus les sujets ont pratiqué celle-ci longtemps, plus ces zones étaient épaisses et meilleure était leur résistance aux sensations douloureuses.
MEDITATION, DOULEURS ET SOUFFRANCE
Dans les démarches dites psycho-éducatives, on a l’habitude en médecine d’apprendre aux patients à différencier douleur et souffrance. La douleur est une réalité biologique, pouvant être corrigée par les médicaments antalgiques. La souffrance correspond à l’impact psychologique de la douleur.
Dans la méditation de pleine conscience, on encourage les patients à accepter la présence de la douleur (cela ne peut donc se faire au début qu’avec des douleurs modérées, inutile de faire preuve de stoïcisme), mais en évitant de laisser leur attention se centrer sur elle. En effet, le mouvement naturel de notre esprit, lorsque nous souffrons, est de nous focaliser sur ce qui nous fait souffrir : la douleur occupe alors seule tout l’espace de notre conscience. Lors de la « digestion »méditative de la souffrance, on s’efforce d’ouvrir l’espace de la conscience à d’autres phénomènes : prêter attention à la respiration, aux parties du corps qui ne souffrent pas, aux sons ; on s’efforce d’observer les pensées que fait naître la souffrance(« Je ne supporterai pas cela longtemps… ») avec le plus de recul possible, etc.
Plutôt que de chasser la souffrance de notre esprit, l’idée est de la « diluer » dans un contenant plus vaste, fait de l’ensemble de ce que nous ressentons, et pas seulement celui des ressentis douloureux. Inutile de préciser que cela requiert un certain entraînement…
Quand cet entraînement est régulier, les effets deviennent mesurables, tant sur la diminution subjective des sensations douloureuses, que sur leurs fondements cérébraux.
De nombreuses études de neuro imagerie ont attesté des changements entraînés par les pratiques méditatives. Ces changements peuvent être anatomiques, tel l’épaississement de l’insula, la région du cortex qui permet de décoder l’état de nos viscères associé aux expériences émotionnelles.Mais ils peuvent aussi être fonctionnels, avec des mécanismes d’action variés : plusieurs études ont montré que la moindre réactivité à la douleur résulte de deux mécanismes différents selon que l’on considère des pratiquants débutants ou confirmés. Chez les débutants, il s’agit d’un contrôle de type top down, ou de haut en bas, c’est-à-dire partant du cortex préfrontal – la structure cérébrale hiérarchiquement la plus élevée – pour limiter l’activité de l’amygdale cérébrale – appartenant au cerveau limbique, ou émotionnel. Schématiquement, cela correspond à « se calmer » par des stratégies verbales d’auto contrôle et de relativisation des douleurs ressenties.
En revanche, les méditants plus expérimentés bénéficient eux d’un contrôle de type bottom up, de bas en haut : leur cerveau « traite » les informations douloureuses à la source, au niveau de l’amygdale et des structures voisines, sans avoir besoin de stratégies verbales. C’est comme si la méditation avait amélioré la tolérance spontanée à la douleur, évitant à cette dernière de se transformer en souffrance mentale.
Source : journal Cerveau et Psycho n° 52 ( Juillet –Aout 2012)
Mindfulness : Méditation de pleine conscience par Sylvie Chabas