Un très beau texte sur l’amour et l’attachement écrit par Sogyal Rinpoché, un lama de la tradition Nyingma du bouddhisme tibétain .

Texte issu de l’ouvrage Le livre tibétain de la vie et de la mort présentant l’ensemble des enseignements du bouddhisme tibétain

 Faites cette expérience : prenez une pièce de monnaie et imaginez que c’est l’objet que vous voulez saisir. Tenez-la bien serrée dans votre poing fermé et étendez le bras, la paume de votre main tournée vers le bas. Si maintenant vous relâchez et desserrez le poing, vous perdrez ce à quoi vous vous accrochiez. C’est la raison pour laquelle vous saisissez.


Mais il est une autre possibilité. Vous pouvez lâcher prise sans rien perdre pour autant : le bras toujours tendu, tournez la main vers le ciel. Ouvrez le poing : la pièce demeure dans votre paume ouverte. Vous lâchez prise… et la pièce est toujours vôtre, malgré tout l’espace qui l’entoure.
Ainsi, il existe une façon d’accepter l’impermanence tout en savourant la vie, sans pour autant s’attacher aux choses.

Examinons maintenant ce qui arrive fréquemment dans les relations de couple. Bien souvent, nous nous apercevons que nous aimons notre conjoint seulement quand nous réalisons que nous sommes entrain de le perdre. Nous nous accrochons alors à lui ou à elle d’autant plus fort ; mais plus nous agissons de la sorte, plus il ou elle nous échappe et plus la relation devient fragile.


 Nous désirons le bonheur. Pourtant, le plus souvent, la façon même dont nous le cherchons est si maladroite et si inexperte qu’elle nous cause seulement davantage de tourment. Nous supposons généralement qu’afin de l’obtenir, nous devons saisir l’objet qui, selon nous, assurera notre bonheur. Nous nous demandons comment nous pouvons apprécier quelque chose si nous ne pouvons le posséder. Combien nous confondons attachement et amour ! Même dans le cadre d’une relation heureuse, l’amour est dénaturé par l’attachement, avec son cortège d’insécurité, de possession et d’orgueil. Et puis, une fois l’amour parti, il ne nous reste que les souvenirs de l’amour, les cicatrices de l’attachement.

Que pouvons-nous donc faire pour triompher de cet attachement ?
Tout simplement, en réaliser la nature impermanente. Cette réalisation nous libérera peu à peu de son emprise. Nous aurons alors un aperçu de ce que les maîtres décrivent comme l’attitude juste face au changement : être semblable au ciel qui regarde passer les nuages, ou être libre comme le mercure. Quand du mercure tombe à terre, il demeure, par nature, intact : il ne se mélange jamais à la poussière.
Sylvie Chabas

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Sylvie Chabas

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